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L'AMOUR ET LA DOCTRINF. DE L'ASPIRATION 149

la crainte. Sully Prudhomme, par sa qualité d'âme, devait être le poète de la tendresse.

Il a parlé de la jeune fille avec une délicatesse incomparable. Il a évité la banalité et la fadeur coutumières parce qu'il a vu dans la vierge non pas un être charmant et frêle, mais une âme profonde et chargée de mystères. Avec un mélange exquis de déférence et de grâce, il a défini la noblesse de la jeune fille, son air d'attente si émouvant, la surprise des premiers émois, les sourires soudainement traversés de larmes. Avec des caresses de langage qui sont l'hommage de l'artiste à la délicatesse de son sujet, il a évoqué le temps où les respects sont des confidences, et les silences des aveux. Ainsi l'image de la fiancée idéale pare le seuil de cette œuvre si pure.

Devant ces beaux spectacles donnés par la tendresse, la pensée de Sully Prudhomme touche aux mystères de la vie. Il recueille au fond de lui ces souvenirs, et sa conception de l'amour enrichie et renouvelée va prolonger sa mélancolie person- nelle en mélancolie héroïque.

Suivons la marche de la doctrine qu'il élabore, car la culture <\i' s,i pensée accompagne et traduit L'élargissement de son âme. D'abord il saisit en