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A MON AMI ANATOLE LE BRAZ,

Je ri ai jamais oublié nos longues promenades enivrantes aux environs de Qiiimper et de Paimpol, dans ces lieux où notre jeunesse répandait son délire, avant les tristesses de l'âge et les coups du destin. Je sortais des livres, des artifices de la vie d' Ecole, de cette fièvre intellectuelle amenée par le morne labeur des concours, et là-bas, dans cette terre loin- taine, qui me semblait, de loin, si grise et affaissée dans le déclin, je trouvais, avec quelle allégresse, le sourire de ton amitié et de ton regard si clair, ton verbe éclatant et tes ardeurs fraîches de Breton épanoui à travers sa terre natale. En entendant ton dîne lyrique traduire avec tant de lucidité l'dme des ancêtres, je sentais enfin la vie véritable, la vie profonde , avec son bruit de sources. De cette vision j'ai gardé le souvenir charmé qui iria suivi partout en allégeant mon labeur. Depuis ce temps nous avons parcouru des routes diverses, et je ri ai pas ignoré les abattements de la mélancolie et de la fadeur;