Page:Zola - Nana.djvu/447

Cette page a été validée par deux contributeurs.
447
NANA

sonne. Mais Fauchery, sans s’étonner le moins du monde, le regardait fixement.

— Idiot, va ! lâcha-t-il enfin, en haussant les épaules.

Puis, il distribua des poignées de main à ces messieurs, pendant que la Faloise, décontenancé, n’était plus bien sûr d’avoir dit quelque chose de drôle. On causa. Depuis les courses, le banquier et Foucarmont faisaient partie de la bande, avenue de Villiers. Nana allait beaucoup mieux, le comte chaque soir venait prendre de ses nouvelles. Cependant, Fauchery, qui écoutait, semblait préoccupé. Le matin, dans une querelle, Rose lui avait carrément avoué l’envoi de la lettre ; oui, il pouvait se présenter chez sa dame du monde, il serait bien reçu. Après de longues hésitations, il était venu quand même, par courage. Mais l’imbécile plaisanterie de la Faloise le bouleversait, sous son apparente tranquillité.

— Qu’avez-vous ? lui demanda Philippe. Vous paraissez souffrant.

— Moi, pas du tout… J’ai travaillé, c’est pourquoi j’arrive si tard.

Puis, froidement, avec un de ces héroïsmes ignorés, qui dénouent les vulgaires tragédies de l’existence :

— Je n’ai pourtant pas salué les maîtres de la maison… Il faut être poli.

Même, il osa plaisanter, en se tournant vers la Faloise.

— N’est-ce pas, idiot ?

Et il s’ouvrit un passage au milieu de la foule. La voix pleine du valet ne jetait plus des noms à la volée. Pourtant, près de la porte, le comte et la comtesse causaient encore, retenus par des dames qui entraient. Enfin, il les rejoignit, pendant que ces mes-