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NANA

sa cuvette, dont l’eau savonneuse coulait jusqu’au palier. Une loge se referma violemment. Deux femmes en corset traversèrent d’un saut ; une autre, le bord de sa chemise aux dents, parut et se sauva. Puis, il y eut des rires, une querelle, une chanson commencée et tout d’un coup interrompue. Le long du couloir, par les fentes, on apercevait des coins de nudité, des blancheurs de peau, des pâleurs de linge ; deux filles, très gaies, se montraient leurs signes ; une, toute jeune, presque une enfant, avait relevé ses jupons au-dessus des genoux, pour recoudre son pantalon ; pendant que les habilleuses, en voyant les deux hommes, tiraient légèrement des rideaux, par décence. C’était la bousculade de la fin, le grand nettoyage du blanc et du rouge, la toilette de ville reprise au milieu d’un nuage de poudre de riz, un redoublement d’odeur fauve soufflé par les portes battantes. Au troisième étage, Muffat s’abandonna à la griserie qui l’envahissait. La loge des figurantes était là ; vingt femmes entassées, une débandade de savons et de bouteilles d’eau de lavande, la salle commune d’une maison de barrière. En passant, il entendit, derrière une porte close, un lavage féroce, une tempête dans une cuvette. Et il montait au dernier étage, lorsqu’il eut la curiosité de hasarder encore un regard, par un judas resté ouvert : la pièce était vide, il n’y avait, sous le flamboiement du gaz, qu’un pot de chambre oublié, au milieu d’un désordre de jupes traînant par terre. Cette pièce fut la dernière vision qu’il emporta. En haut, au quatrième, il étouffait. Toutes les odeurs, toutes les flammes venaient frapper là ; le plafond jaune semblait cuit, une lanterne brûlait dans un brouillard roussâtre. Un instant, il se tint à la rampe de fer, qu’il trouva tiède d’une tiédeur vivante, et il