aventure. Philippe répondit docilement à ses questions.
« Il y a près de huit mois que je connais Blanche, dit-il. Je l’ai vue la première fois dans une fête publique. Elle souriait à la foule, et il me sembla que son sourire s’adressait à moi. Depuis ce jour, je l’ai aimée, j’ai cherché toutes les occasions de me rapprocher d’elle, de lui parler.
– Ne lui as-tu pas écrit ? demanda Marius. Si, plusieurs fois.
– Où sont tes lettres ?
– Elle les a brûlées… Chaque fois, j’achetais un bouquet à Fine, la bouquetière du cours Saint-Louis, et je glissais ma lettre au milieu des fleurs. La laitière Marguerite portait les bouquets à Blanche.
– Et tes lettres restaient sans réponse ?
– Dans les commencements, Blanche a refusé les fleurs. Puis, elle les a acceptées ; puis elle a fini par me répondre. J’étais fou d’amour. Je rêvais de l’épouser, de l’aimer à jamais. »
Marius haussa les épaules. Il entraîna Philippe à quelques pas, et là, continua l’entretien avec plus de dureté dans la voix.
« Tu es un imbécile ou un menteur, dit-il tranquillement. Tu sais que M. de Cazalis, député, millionnaire, maître tout-puissant dans Marseille, n’aurait jamais donné sa nièce à Philippe Cayol, pauvre, sans titre, et républicain pour comble de vulgarité. Avoue que tu as compté sur le scandale de votre fuite pour forcer la main à l’oncle de Blanche.
– Et quand cela serait ! répondit Philippe avec fougue. Blanche m’aime, je n’ai pas violenté sa volonté. Elle m’a librement choisi pour mari.
– Oui, oui, je sais cela. Tu le répètes trop souvent pour que je ne sache pas ce que je dois en croire. Mais tu n’as pas songé à la colère de M. de Cazalis, qui va retomber terriblement sur toi et ta famille. Je connais l’homme ; ce soir, il aura promené son orgueil