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Commune l’avaient un peu surpris par l’extraordinaire mélange de modérés, de révolutionnaires, de socialistes de toutes sectes, à qui la grande œuvre se trouvait confiée. Il connaissait plusieurs de ces hommes, il les jugeait d’une grande médiocrité. Les meilleurs n’allaient-ils pas se heurter, s’annihiler, dans la confusion des idées qu’ils représentaient ? Mais, le jour où la Commune fut solennellement constituée, sur la place de l’Hôtel-de-Ville, pendant que le canon tonnait et que les trophées de drapeaux rouges claquaient au vent, il avait voulu tout oublier, soulevé de nouveau par un espoir sans bornes. Et l’illusion recommençait, dans la crise aiguë du mal à son paroxysme, au milieu des mensonges des uns et de la foi exaltée des autres.

Pendant tout le mois d’avril, Maurice fit le coup de feu, du côté de Neuilly. Le printemps hâtif fleurissait les lilas, on se battait au milieu de la verdure tendre des jardins ; et des gardes nationaux rentraient le soir avec des bouquets au bout de leur fusil. Maintenant, les troupes réunies à Versailles étaient si nombreuses, qu’on avait pu en former deux armées, l’une de première ligne, sous les ordres du maréchal de Mac-Mahon, l’autre de réserve, commandée par le général Vinoy. Quant à la Commune, elle avait pour elle près de cent mille gardes nationaux mobilisés et presque autant de sédentaires ; mais cinquante mille au plus se battaient réellement. Et, chaque jour, le plan d’attaque des Versaillais s’indiquait davantage : après Neuilly, ils avaient occupé le château de Bécon, puis Asnières, simplement pour resserrer la ligne de l’investissement ; car ils comptaient entrer par le Point-du-jour, dès qu’ils pourraient y forcer le rempart, sous les feux convergents du Mont-Valérien et du fort d’Issy. Le Mont-Valérien était à eux, tous leurs efforts tendaient à s’emparer du fort d’Issy, qu’ils attaquaient, en utilisant les anciens travaux des Prussiens. Depuis le