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VII


Au lendemain de Sedan, les deux armées allemandes s’étaient remises à rouler leurs flots d’hommes vers Paris, l’armée de la Meuse arrivait au nord par la vallée de la Marne, tandis que l’armée du prince royal de Prusse, après avoir passé la Seine à Villeneuve-Saint-Georges, se dirigeait sur Versailles, en contournant la ville au sud. Et, ce tiède matin de septembre, quand le général Ducrot, auquel on avait confié le 14e corps, à peine formé, résolut d’attaquer cette dernière, pendant sa marche de flanc, Maurice qui campait dans les bois, à gauche de Meudon, avec son nouveau régiment, le 115e, ne reçut l’ordre de marcher que lorsque le désastre était déjà certain. Quelques obus avaient suffi, une effroyable panique s’était déclarée dans un bataillon de zouaves composé de recrues, le reste des troupes venait d’être emporté, au milieu d’une débandade telle, que ce galop de déroute ne s’arrêta que derrière les remparts, dans Paris, où l’alarme fut immense. Toutes les positions en avant des forts du sud étaient perdues ; et, le soir même, le dernier fil qui reliait la ville à la France, le télégraphe du chemin de fer de l’Ouest, fut coupé. Paris était séparé du monde.

Ce fut, pour Maurice, une soirée d’affreuse tristesse. Si les Allemands avaient osé, ils auraient campé la nuit sur la place du Carrousel. Mais c’étaient des gens d’absolue prudence, résolus à un siège classique, ayant réglé déjà les points exacts de l’investissement, le cordon de l’armée de la Meuse au nord, de Croissy à la Marne, en passant