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— Nous n’avons rien… Donnez-moi du linge, tâchez de trouver encore des matelas, montrez à mes hommes où est la pompe…

Elles coururent, se multiplièrent, ne furent plus que ses servantes.

C’était un très bon choix que la fabrique pour une ambulance. Il y avait là surtout le séchoir, une immense salle fermée par de grands vitrages, où l’on pouvait installer aisément une centaine de lits ; et, à côté, se trouvait un hangar, sous lequel on allait être à merveille pour faire les opérations : une longue table venait d’y être apportée, la pompe n’était qu’à quelques pas, les petits blessés pourraient attendre sur la pelouse voisine. Puis, cela était vraiment agréable, ces beaux ormes séculaires qui donnaient une ombre délicieuse.

Bouroche avait préféré s’établir tout de suite dans Sedan, prévoyant le massacre, l’effroyable poussée qui allait y jeter les troupes. Il s’était contenté de laisser près du 7e corps, en arrière de Floing, deux ambulances volantes et de premiers secours, d’où l’on devait lui envoyer les blessés, après les avoir pansés sommairement. Toutes les escouades de brancardiers étaient là-bas, chargées de ramasser sous le feu les hommes qui tombaient, ayant avec elles le matériel des voitures et des fourgons. Et Bouroche, sauf deux de ses aides restés sur le champ de bataille, avait amené son personnel, deux majors de seconde classe et trois sous-aides, qui sans doute suffiraient aux opérations. En outre, il y avait là trois pharmaciens et une douzaine d’infirmiers.

Mais il ne décolérait pas, ne pouvant rien faire sans passion.

— Qu’est-ce que vous fichez donc ? Serrez-moi ces matelas davantage !… On mettra de la paille dans ce coin, si c’est nécessaire.

Le canon grondait, il savait bien que d’un instant à