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LES ROUGON-MACQUART.

bête froide et mouillée se traînait sur ses cuisses et lui enfonçait des crocs dans la chair. Puis, c’étaient d’autres bêtes qui se collaient à ses épaules, en lui arrachant le dos à coups de griffes.

— J’ai soif, oh ! j’ai soif ! grognait-il continuellement.

L’interne prit un pot de limonade sur une planchette et le lui donna. Il saisit le pot à deux mains, aspira goulûment une gorgée, en répandant la moitié du liquide sur lui ; mais il cracha tout de suite la gorgée, avec un dégoût furieux, en criant :

— Nom de Dieu ! c’est de l’eau-de-vie !

Alors, l’interne, sur un signe du médecin, voulut lui faire boire de l’eau, sans lâcher la carafe. Cette fois, il avala la gorgée, en hurlant, comme s’il avait avalé du feu.

— C’est de l’eau-de-vie, nom de Dieu ! c’est de l’eau-de-vie !

Depuis la veille, tout ce qu’il buvait était de l’eau-de-vie. Ça redoublait sa soif, et il ne pouvait plus boire, parce que tout le brûlait. On lui avait apporté un potage, mais on cherchait à l’empoisonner bien sûr, car ce potage sentait le vitriol. Le pain était aigre et gâté. Il n’y avait que du poison autour de lui. La cellule puait le soufre. Même il accusait des gens de frotter des allumettes sous son nez pour l’empester.

Le médecin venait de se relever et écoutait Coupeau, qui maintenant voyait de nouveau des fantômes en plein midi. Est-ce qu’il ne croyait pas apercevoir sur les murs des toiles d’araignée grandes comme des voiles de bateau ! Puis, ces toiles devenaient des filets avec des mailles qui se rétrécissaient et s’allongeaient, un drôle de joujou ! Des boules noires voyageaient dans les mailles, de vraies boules d’escamo-