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L’ASSOMMOIR.

viner si elle ne rapportait pas une souris sur l’œil, un de ces petits baisers qui se fourrent là sans bruit. Il la flairait, la retournait. Un soir, elle reçut encore une danse, parce qu’il lui avait trouvé une tache noire au cou. La mâtine osait dire que ce n’était pas un suçon ! oui, elle appelait ça un bleu, tout simplement un bleu que Léonie lui avait fait en jouant. Il lui en donnerait des bleus, il l’empêcherait bien de rouscailler, lorsqu’il devrait lui casser les pattes. D’autres fois, quand il était de belle humeur, il se moquait d’elle, il la blaguait. Vrai ! un joli morceau pour les hommes, une sole tant elle était plate, et avec ça des salières aux épaules, grandes à y fourrer le poing ! Nana, battue pour les vilaines choses qu’elle n’avait pas commises, traînée dans la crudité des accusations abominables de son père, montrait la soumission sournoise et furieuse des bêtes traquées.

— Laisse-la donc tranquille ! répétait Gervaise plus raisonnable. Tu finiras par lui en donner l’envie, à force de lui en parler.

Ah ! oui, par exemple, l’envie lui en venait ! C’est-à-dire que ça lui démangeait par tout le corps, de se cavaler et d’y passer, comme disait le père Coupeau. Il la faisait trop vivre dans cette idée-là, une fille honnête s’y serait allumée. Même, avec sa façon de gueuler, il lui apprit des choses qu’elle ne savait pas encore, ce qui était bien étonnant. Alors, peu à peu, elle prit de drôles de manières. Un matin, il l’aperçut qui fouillait dans un papier, pour se coller quelque chose sur la frimousse. C’était de la poudre de riz, dont elle emplâtrait par un goût pervers le satin si délicat de sa peau. Il la barbouilla avec le papier, à lui écorcher la figure, en la traitant de fille de meunier. Une autre fois, elle rapporta des rubans rouges pour retaper sa