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LUCIUS.


pour me torturer. Un jour, il prit un paquet d’épines, les plus piquantes qu’il put trouver, les attacha ensemble et me les suspendit à la queue. Naturellement, à chaque pas que je faisais, les épines, suspendues à mon derrière » me battaient les jambes, et me faisaient mille piqûres. Vouloir y échapper, c’était peine perdue, car l’instrument de mon supplice me suivait ; je le portais avec moi. Si je modérais le pas pour me garantir des piqûres, j’étais assommé de coups de bâton ; si je voulais échapper au bâton, le fagot d’épines était là qui tout aussitôt m’avertissait rudement de sa présence. Bref, mon conducteur avait pris à tâche de me faire mourir à tout prix.

XXXI. A la fin, fatigué de ses mauvais traitements, poussé à bout, je lui détachai une ruade ; mais il en conserva bon souvenir : un jour qu’il avait ordre de transporter des étoupes d’un endroit dans un autre, il me prend avec lui, m’attache sur le dos un énorme paquet d’étoupes et a soin de me lier solidement à ma charge ; tout cela en vue d’un infâme guet-à-pens qu’il méditait contre moi. Au moment de partir, il dérobe au foyer un tison enflammé, et, une fois loin de la ferme, il le plonge au beau milieu des étoupes. Elles s’enflamment aussitôt (c’était tout simple) ; et me voilà portant un immense brasier. Je comprends que c’en est fait, et que je vais être rôti. Heureusement une vaste mare se trouvait sur mon chemin ; je me précipite au beau milieu, dans la vase la. plus liquide ; et, à force de m’y rouler avec mes étoupes, de m’agiter, de me retourner dans la boue, je finis par éteindre ce méchant fardeau embrasé. Je pus du moins, de ce moment, cheminer sans crainte le reste de la route ; car l’étoupe était si bien trempée et saturée de vase, que mon garnement eût en vain tenté de la rallumer. Pourtant, l’effronté pendard trouva encore moyen de me calomnier et de dire que j’avais été de moi-même, en passant, me frottera un brasier. C’est ainsi que, contre


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