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SOUVENIRS SUR LÉNINE

phrases tombent et s’assemblent, et le tout qu’elles forment a son unité. Lénine ne veut pas éblouir, il ne veut pas entraîner, il veut convaincre. Il convainc et il entraîne. Non pas par les belles paroles sonores qui enivrent, mais plutôt par l’esprit lumineux qui, sans se faire illusion à lui-même, saisit dans sa réalité le monde des phénomènes sociaux, et « exprime ce qui est » avec une sincérité féroce. Tantôt comme des coups de fouet qui cinglent, tantôt comme des coups de massue qui assomment, les arguments de Lénine s’abattent sur ceux « qui font un sport de la lutte contre la droite » et ne voient pas ce qui nous mènera à la victoire. Ce n’est que si la majorité de la classe ouvrière vient nous rejoindre dans la lutte, et non pas seulement la majorité des ouvriers, mais la majorité des exploités et des opprimés, c’est alors seulement que nous aurons véritablement la victoire. »

Tout le monde a le sentiment que la bataille décisive vient d’être livrée. Pleine d’enthousiasme, j’allai serrer la main de Lénine et ne pus m’empêcher de lui dire : « Vous savez, Lénine, chez nous, celui qui présiderait une réunion dans une petite localité de rien aurait peur de parler aussi simplement que vous. Il craindrait de ne pas être assez « cultivé ». Je ne connais qu’un seul pendant à votre genre d’éloquence, et c’est le grand art de Tolstoï. C’est la même ligne majestueuse, ferme, pleine, le même