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CLARA ZETKIN

sible, dit notre ami. Moi qui me disais : c’est un personnage, il va nous faire marcher. Le dernier des camarades ne peut pas être plus simple, plus bon garçon. Il faut voir avec quelle importance notre ex-camarade Hermann Muller promène au Reichstag les basques de sa redingote maintenant qu’il a été chancelier. »

Il me sembla que les camarades de l’opposition et Lénine s’examinaient réciproquement. Il était visible que, pour Lénine, la grande affaire était d’écouter, de comparer, de constater, de s’orienter et non pas de parler, de placer un « article de tête », encore qu’il ne fît pas mystère de son opinion. Il ne se lassait pas de poser des questions et suivait avec une extrême attention les explications des camarades, à qui il demandait souvent d’éclaircir ou de compléter quelque point. Il souligna fortement l’importance d’un travail méthodique, organisé, parmi les larges masses ouvrières, ainsi que la nécessité de la centralisation et d’une discipline inflexible. Lénine me déclara plus tard qu’il avait été très satisfait de cette entrevue. « Ils sont épatants, ces ouvriers allemands, ces types comme Maltzahn et ses amis ! Sans doute, je ne les vois guère avaler du feu à la foire aux paroles révolutionnaires. Je ne sais pas s’ils feront une troupe de choc, mais il y a une chose dont je suis sûr : ce sont des gens comme eux qui forment les larges colonnes aux rangs solides du prolétariat révolutionnaire, c’est sur leur