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SOUVENIRS SUR LÉNINE

larges couches de prolétaires en qui la conscience de classe et l’esprit révolutionnaire étaient également éveillés, et de lui exprimer en outre leur opinion personnelle sur la « théorie de l’offensive » et sur la tactique qui s’imposait, d’après eux. Ils tenaient naturellement beaucoup aussi à connaître le point de vue personnel de Lénine sur les questions qui les intéressaient. Lénine trouva « tout naturel » d’accéder au désir de ces camarades. On convint donc du jour et de l’heure où il les rencontrerait chez moi. Les camarades arrivèrent quelques instants avant lui, car nous avions à nous entendre au sujet de notre intervention au congrès.

Lénine était d’une grande ponctualité. À l’heure, presque à la minute fixée, il entra, de la façon naturelle qui était la sienne ; c’est à peine si les camarades, plongés dans leur discussion, s’aperçurent de son entrée. « Bonjour, camarades ! » Il leur serra la main à tous, et s’assit au milieu d’eux pour prendre part immédiatement à l’entretien. Moi, j’étais habituée à ces façons, et puis il était évident qu’il n’y avait pas de camarades qui ne connût Lénine. Aussi n’eus-je pas l’idée de le présenter aux camarades. Il y avait peut-être dix minutes que nous causions tous ensemble, quand un camarade me prit à part et me demanda à voix basse : « Dites donc, camarade Clara, qui est ce camarade, au fait ? » — « Ne l’avez-vous pas reconnu ? répondis-je, mais c’est le camarade Lénine ! » — « Pas pos-