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CLARA ZETKIN

parfaitement pures et désintéressées. Il voulait guérir et non pas détruire.

— « Je ne discuterai pas avec vous sur ce point, répliqua Lénine. Vous êtes pour Lévi un meilleur avocat qu’il ne le serait lui-même. Mais ne savez-vous pas qu’en politique, ce qui importe, ce ne sont pas les intentions, mais les résultats. Est-ce que vous n’avez pas en Allemagne un proverbe qui dit à peu près : « L’enfer est pavé de bonnes intentions » ? Le congrès condamnera P. Lévi, il usera de rigueur à son égard. C’est inévitable, mais Lévi ne sera condamné que pour manquement à la discipline et pas du tout pour la position qu’il a prise sur les principes politiques. Au reste, comment cela se pourrait-il, du moment que cette position est reconnue comme étant en réalité la bonne ? De cette façon, nous laissons libre la voie qui le ramènera à nous. Puisse-t-il ne pas se fermer lui-même cette voie ? Son sort politique est entre ses mains. Qu’il se soumette en communiste discipliné à la décision du congrès et qu’il disparaisse pour quelque temps de la vie politique. Il va le trouver dur, c’est certain. Je me mets à sa place et je le plains sincèrement, croyez-le bien ! Mais il ne m’est pas possible de lui épargner cette rude épreuve.

« Il faut qu’il en prenne son parti, de même que nous autres, Russes, sous le tsarisme, nous allions en exil ou en prison. Il pourra pendant cette période se livrer avec ardeur à l’étude, et