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CLARA ZETKIN

que des pires persécutions, il s’est montré courageux, intelligent, capable des plus grands dévouements. Je croyais qu’il était fermement attaché au prolétariat, bien que j’aie eu l’impression d’une certaine froideur dans ses rapports avec les ouvriers, quelque chose comme le désir de garder ses distances. Mais quand sa brochure a été publiée, j’ai eu des doutes sur lui. Je crains qu’il n’y ait chez lui un besoin marqué d’originalité, une tendance à l’arrivisme et même quelque chose de la vanité des gens de lettres. Il était nécessaire de faire une critique impitoyable de l’ « action de mars ». Mais qu’a fait Paul Lévi ? Il s’est jeté sur le parti comme une bête féroce et il l’a déchiré. Non seulement sa critique est tout à fait exagérée, unilatérale, et même méchante, mais elle ne fournit aucune indication permettant au parti de s’orienter. Tout esprit de solidarité avec le parti en est absent. Et c’est ce qui a révolté si fort les camarades du rang et les a rendus sourds et aveugles pour les nombreuses choses justes qu’il y a dans la critique de Paul Lévi et notamment pour la façon très juste dont il a envisagé le problème politique fondamental. Et c’est ainsi qu’est né un état d’esprit, qui a d’ailleurs gagné les camarades en dehors de l’Allemagne ; pour ceux qui sont dans cet état d’esprit, l’unique objet de la discussion c’est maintenant la brochure et spécialement la personne de Lévi, et non plus la question de savoir si la théorie de l’offensive est fausse et si