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SOUVENIRS SUR LÉNINE

n’avez-vous pas écrit à Zinoviev, ou bien à moi ? Vous pouviez tout au moins envoyer un télégramme. »

J’exposai à Lénine les raisons qui avaient motivé ma décision. Si elle avait été brusque, c’est qu’elle était commandée par la situation d’alors. Il ne voulut pas admettre mes raisons.

« — Ah quoi ! s’écria-t-il avec vivacité, le mandat que vous aviez à la Centrale, ce n’est pas des camarades de la Centrale, mais du parti tout entier que vous le teniez. Cette confiance que le parti vous avait donnée, vous n’aviez pas le droit d’en faire bon marché. »

Comme Lénine me trouvait peu disposée au repentir, il continua à critiquer très vivement ma démission de la Centrale, et il ajouta sans transition :

« Faut-il considérer comme une punition méritée, le fait qu’on s’est livré hier, à la conférence des femmes, à une attaque en règle contre vous, qui étiez représentée comme incarnant le pire opportunisme ? Sous la direction personnelle de cet excellent Reuter (de la Frise) qui, à ma connaissance, a participé hier pour la première fois au travail communiste parmi les femmes. C’était de la bêtise, purement et simplement. Aller s’imaginer que l’on pourrait sauver la « théorie de l’offensive » en vous attaquant par derrière à la conférence des femmes ! Il est vrai qu’il y avait là-dessous d’autres cal-