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SOUVENIRS SUR LÉNINE

voyais devant moi Lénine, autre « Homme douloureux », portant son fardeau, transpercé, accablé par toute la peine, toutes les souffrances du peuple travailleur de Russie.

Il s’en alla quelques instants après. Il m’avait encore appris, entre autres choses, que dix mille vêtements de cuir fermant bien étaient commandés pour les soldats de l’armée rouge, qui avaient ordre de s’emparer par mer de Perekop. Mais avant même que ces vêtements fussent prêts, nous eûmes la très grande joie d’apprendre que les vaillants défenseurs de la Russie des Soviets, sous la direction non moins géniale qu’intrépide du camarade Piatakov, avaient pris d’assaut l’isthme de Perekop. Exploit militaire sans précédent, à mettre au compte des chefs et des soldats. Sur le front méridional non plus, il n’y a pas eu de campagne d’hiver…

En 1921, le IIIe Congrès mondial de notre Internationale et la IIe Conférence internationale des femmes communistes me conduisirent une seconde fois à Moscou, où je devais séjourner assez longtemps, dans une période lourde d’orages. Moins parce que les congrès tombaient dans la seconde quinzaine de juin et de la première de juillet, où le soleil darde ses rayons les plus brûlants sur les coupoles dorées et polychromes de la ville, qu’à cause de l’atmosphère