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SOUVENIRS SUR LÉNINE

mes dans « la force de l’âge », comme on dit chez vous. Pour nous, cela veut dire que la plupart d’entre eux ont grandi sous l’ancien régime, par conséquent sans instruction ni culture d’aucune sorte. Ils travaillent à présent avec passion à acquérir l’une et l’autre. Nous faisons les efforts les plus sérieux pour amener continuellement d’autres hommes et d’autres femmes à participer au travail soviétique, et pour faire ainsi leur éducation pratique et théorique. Mais malgré tout nous n’arrivons pas, tant s’en faut, à satisfaire nos besoins en personnel apte aux besognes d’administration et de construction. Nous sommes obligés de nous servir de bureaucrates à l’ancienne mode, et nous finirons par avoir une bureaucratie. Je déteste la bureaucratie. Pas les bureaucrates individuellement. Eux peuvent être des garçons de valeur. Mais je déteste le système. Il paralyse et corrompt de haut en bas. Pour triompher du régime bureaucratique et arriver à sa suppression définitive, c’est l’éducation et l’instruction populaires répandues le plus largement possible qui sont le facteur capital. Et quelles sont nos perspectives d’avenir ? Nous avons créé des institutions magnifiques et pris des mesures excellentes afin que les jeunes prolétaires et les jeunes paysans puissent s’instruire, étudier, accéder à la culture. Mais là aussi se pose la question qui nous torture : « Qu’est-ce que tout cela pour tant et tant de gens ? » Il n’y a pas. Il s’en faut encore de beau-