Page:Zetkin - Souvenirs sur Lénine.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
CLARA ZETKIN

leur protecteur ; c’est lui qui leur donne des commandes. Tous ceux qui sont artistes, ou qui croient l’être, revendiquent le droit de créer librement, d’après leur idéal, que celui-ci vaille quelque chose ou qu’il ne vaille rien. Et voilà la fermentation, les expériences, le chaos.

« Mais naturellement nous sommes des communistes. Nous n’avons pas le droit de nous croiser les bras et de laisser le chaos fermenter à sa guise. Il faut que nous cherchions à diriger cette évolution, à lui donner une claire conscience d’elle-même, que nous cherchions à en préciser les résultats. C’est là ce qui fait encore défaut, ce qui fait grandement défaut. Il me semble que nous avons, nous aussi, nos docteurs Karlstad. Nous sommes beaucoup trop « iconoclastes ». Si une chose est belle, qu’on la garde, qu’on la prenne pour modèle, qu’on s’y reporte, même si elle est « vieille ». Pourquoi se détourner d’une chose vraiment belle, pourquoi déclarer une fois pour toutes qu’on ne la prendra pas comme point de départ d’une évolution ultérieure, simplement parce qu’elle est « vieille » ? Pourquoi adorer ce qui est « nouveau » comme une divinité, à laquelle on obéira, uniquement parce que c’est « nouveau » ? C’est de la bêtise, de la bêtise pure et simple. D’ailleurs, il y a aussi dessous beaucoup de convenu, beaucoup de « pose », et aussi le respect de la mode artistique de l’Occident. Bien entendu, on n’en a pas conscience. Nous sommes de bons révolutionnai-