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DISCOURS


chind ſchand, ſitués a l’Eſt du Gange au-deſſous de Palaſſi.

Deux coſſes en-deçà de ce dernier endroit, je rencontrai l’armée que le Nabab avoit envoyée au ſecours de Schandernagor. Elle étoit commandée par Rajah Doulobram, que j’avois vu au Dorbar, à Moxoudabad. Je me rendis à la Tente de ce General ; il me reconnut, me fit beaucoup de politeſſes, & m’offrit du ſervice dans ſon armée. J’allai enſuite ſaluer Mirmaden ſon Lieutenant, que je trouvai à ſa toilette. C’étoit un Mogol de cinq pieds, huit pouces, preſque blanc. Il avoit les traits du viſage réguliers ; & un coup de ſabre qu’il avoit reçu à la joue, lui donnoit an air martial. Il étoit devant un miroir, nud juſqu’à la ceinture, occupé à ſe tourner la mouſtache, tandis que ſon Barbier l’épiloit & lui raſoit le corps. Mirmaden me renvoya a ſon frere qui commandoit l’Artillerie. L’Artillerie conſiſtant en gros canons faits de bandes de fer battu, étoit à la tête du Camp, rangée ſans beaucoup d’ordre ; & l’armée s’étendoit à peu-pres ſur deux coſſes de long, y compris le bazar (le marché).

Le frere de Mirmaden me donna à dîner. Le premier mets qu’on me ſervit étoit un plat de riz aux oignons, au raifin & au gingembre, fort bien fait : ce plat fut ſuivi de gateaux fucres de fleur de farine, d’un morceau dc mouton rori, & de boulettes de chair hache’e en ragoût. Pour les liqueurs, je refuſai d’en boire. Ce Mogol me preſſa d’en goûter, ajoutant que celles qu’on me préſentoit venoient d’Europe. Je ſuppoſai que c’étoit de l’eau-de-vie mêlée d’eau & j’en bus une petite taſſe. Au bout d’un quart-d’heure je tombai en convulſion. Mon état l’effraya ; il fit venir pluſieurs Soldats Allemands qui étoient dans le Camp : ils eurent beaucoup de peine à me tenir : on défit mes habits ; je rendois de l’écume & paroiſſois dans un mouvement affreux. Lorſque la criſe, qui dura une heure, fut paſſée, je tombai en foibleſſe ; les gens du frere de Mirmaden étoient occupes a me jetter de l’eau rofe & a m’eventcr. Je revins enfin. Ce Mogol me fit bien des excuſes : c’étoit l’Opium qui avoit produit ſur moi cet effet, quoiqu’on m’en eut donné une doſe bien inférieure à celle qu’il prenoit ordinairement. Je remontai dans mon Douli, fis paſ-