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DISCOURS


ques-uns de ces Brahmes, dont les Écoles l’ont rendue ſi celebre. Au cas que mon projet ne put pas avoir lieu de ce côté là, le P. Mozac m’avoit parlé d’un endroir peu éloigné de Caſſimbazar, où il avoit appris le Samskretan. Plufieurs Brahmes habiles l’habitoient ; & je pouvois fans beaucoup de frais y faire un affez long ſéjour.

Enfin, pour ne negliger aucun moyen proche ou éloigné tendant à l’execution de mon plan, j’envoyai a M. Le Verrier, chef du Comptoir Francois de Surate, deux lignes écrites en caracteres Zends, accompagnees de la traduction que j’en avois faite.

Telles etoient mes occupations dans les intervalles de ma fievre, & lorfque les dartres commencèrent. Bientoc elles fe muiriplierent ; e’etoit le caffe qui en brulant le principe de la fievre, avoit occafionne chez moi certe effervefcence. Pour les chaffer par les contraires, je me baignai pendant vingt jours a. l’eau froide, &. les dartres difparurent. Mais mon eftomac affoibli parces bains frequens, perdit une partie de Ion reffort ; &, apres pluficurs petites incommodites dont on ignoroir la caufe, la dyffenterie fe declara. Mes amis, touches de me voir abandonne a. la difcrerion d’un Domeftique, crurent que je ferois mieux foigne a l’Hopital, & me propoferent de m’y faire rranfporter. La propofition ne m’effraya pas. On me mir dans une chambre propre pour le lieu. Je fus recommande a l’GEconome ; & les Jcfuites, qui nemequitterent pas pendant ma maladie,mirent pres de moi un Chretien noir, dont les foins repondirent a leur humanire. Je gardai le lit troismois, &c fusreduit à la derniere extremite : l’on n’attendoit que le moment où j’allois rendre le dernier fonpir ; Ie tranfport, le ralement, tout annonqoit chez moi une deftruction prochaine. Plufieurs perfonnes porterent meme a la Cotela nouvelle de ma mort par un Vaiffeau qui partit pour lors. Dans cet etat d’aneantiffement, je rendis quelques vers, & le flux de fang ceſſa. Je pris peu-à-peu quelques cuillerees de bouillon, mes forces revinrent, & en moins de vingt jours, je fus en état de ſortir de ma chambre.

Il paroît que les douleurs vives qui m’avoient preſque