Page:Zend-Avesta, trad. Anquetil-Duperron, volume 1.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée
xxvij
PRÉLIMINAIRE.


contre le genre de vie que l’on mene dans les Colonies ! En general, on y voir, peu de perfonnes occupees férieufement de leur etat. À peine donne-t-on quelques heures le matin au Banian que Ton a charge de l’achat ou du debit des marchandifes. Un bal, une partie de jeu retardera le chargement ou le depart d’un Vaifleau, la conclusion d’un marche d’un million. L’Employe paroit dans les Bureaux depuis huit ou neuf heures du matin jufqu’a midi, & : Ton en voit peu s’y presenter l’apres-dinee. Auili plufieurs graves Confeillers me rcmontrerent ils que l’application etoit dangereufe apres le repas. Heureufement je n’ai point eu egard à leurs avis. Avec plus dedocilite, mes travaux n’euiTent pas ete finis lors de la prife dePondichery.

La vie molle des hommes tient beaucoup de celle des femmes : mais celles-ci ne font que fuivre les impreffions qu’elles ont recues dans l’enfance. La plupart dans cet age tendre,font prefque abandonnees au foin des Mofles, Efclaves Noires, qui leur donnent quelquefois la connoifTance de tous les plaifirs, & les nourriilent dans une pareile & une langueur qui leur permettent à peine l’ufage de leurs membes. Des que leur corps commence à fe former, l’encens des Inutiles qui parcourent journellement les maifons, eft un nouveau poifon qui en fait de petites Divinites : toute leur ambition eft d’avoir des Adorateurs ; & lorfqa’elles font mariees, le foin de leur menage n’cil pas toujours ce qui les attache le plus. Leurs actions journalieres fe reduifent a-peu-pres a celles-ci. À ncuf ou dix heures on fert le dejeûné ; enfuite la MaitrcfTe de la maifon, une table garnie de tafles devant elle, prefide jufqu’a une hcure au cercle des Vifitans qui fe rcnouvelle continuellement, & n’a autre chofe a faire, que de leur verfer du thé. Le diné eft fuivi de la Sieste, efpece de feconde nuit qui dure jufqu’a quatre heures ; on s’y deshabille, on s’y couche. Depuis cinq heures jufqu’a huit heures, recommence le fervice du thé, qui fouvent fait toute la converfation ; car les Vaifteaux d’Europe une fois partis, on n’a plus rien à dire, à moins que l’amour n’ait occafionné quel-