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DISCOURS

çus en effet dans cette Ville une Lettre de M. Van Dorts écrite aussi en Latin, datee de Colombo le 22 ſevrier 1758.

Après des compliments & des éloges que je ne méritois pas, ce Professeur offrit de me communiquer ſur l’Histoire & la Religion des Indiens tout ce qu’il pouvoit avoir recueilli : uti, dit-il, talem apparatum harum rerum poſſideo, qualem… in multis non reperies litteris. Pour appaiser en quelque ſorte cette soif de Littérature Indienne que je lui avois montrée, il joignit à sa Lettre le Pater &c. en Tamoul de la Côte de Coromandel, & en Ceylanois, avec la prononciation & la traduction Latine entre lignes ; il me marquoit en même-tems qu’il desiroit que de ſon côté notre commerce de Lettres fut en Hollandais. Les événemens qui dans la ſuite ont partagé le tems que j’ai paſſé dans l’Inde, m’ont empêché de suivre cette correſpondance.

J’allai encore rendre viſite au Miniſtre de Cochin, qui me parut peu inſtruit, quoiqu’il eut une belle Bibliothéque, riche ſurtout en Commentateurs de la Bible.

La vie que je menois à Cochin ne me plaiſoit pas trop. Je voyois qu’il n’y avoit rien à attendre des Hollandois pour la connoiſſance du Pays, & le ſéjour de la Ville m’occaſionnoit des frais dont je commençois à ſentir le poids. L’Aubergiſte de Cochin, obligé de payer une ſomme conſidérable au Commandeur, a en conſéquence le droit excluſif (monopole d’une nouvelle eſpece) de rançonner les Étrangers, ceux-ci ne pouvant deſcendre que chez lui. Celui qui tenoit alors cette eſpece de ferme etoit un gros Hollandois à large circonférence, riche de plus de cinquante mille roupies, & qui buvoit le Zopi & fumoit la pipe avec une grace inimitable. Il y avoit plaiſir à le voir au bout de la table, entourré de deux Caffres & de trois ou quatre Negrillons occupés, l’un à lui verſer à boire, l’autre à lui eſſuyer la bouche, celui-ci à lui chaſſer les mouches le quatriéme à l’éventer. Il n’y avoit pas dans l’Auberge d’autre table que la ſienne ; & il crut preſque me faire honneur en me l’offrant. J’avois pour Convives trois Arméniens bien rentés, qui buvoient du vin de Bordeaux, tan-