versée ; elle ſut de près d’un mois, & ſans evenement intereſſant. J’eus à mon ordinaire le mal de mer pendant les douze premiers jours ; on me plaiſanta ſelon l’uſage, & je pris enfin le deſſus. Nous mouillâmes devant Mahé le 17 Novembre 1757.
La Côte Malabare, où j’ai paſſé le reſte du tems que j’ai voyagé dans l’Inde, peut ſe diviſer par Royaumes & par Langues. Actuellement, remontant du Sud au Nord-Oueſt, on y diſtingue onze Puiſſances principales. 1°. Le Travancour, dont les États commencent au Cap Camorin. 2°. Le Roi de Cochin. 3°. Le Samorin. 4°. Le Bayanor. 5°. Le Cananor. 6°. Kolaſtri. 7°. Le Canara. 8°. Le Sonde. 9°. Le Bonſolo. 10°. Les Marates. 11°. Les Maures.
Selon la ſeconde diviſion, il y a à cette Côte cinq Langues principales (ſans les Jargons) que je regarde toutes, excepté le Maure (qui tient beaucoup du Perſan & du Tartare Mongal avec un mélange d’Indou) comme derivees ou corrompues du Samskretan. La premiere de ces Langues eſt le Malabar pur ou le Tamoul, qui s’étend de Koélan au Mont Delli ; la ſeconde, le Canarin, qui, de Pongaye va juſqu’aux Terres du Bonſolo ; la troiſiéme, le Marate, qui commence aux Terres du Bonſolo & a cours juſqu’à Surate ; la quatriéme, le langage du Guzarate ou l’lndou ; & la cinquiéme, le Maure.
Les Jargons ou Dialectes ſont 1°. Le Patois de la Cote de la Pêcherie, qui eſt un Malabar corrompu ; 2°. le Toulou, mélange de Tamoul & de Canarin, qui a cours entre les Pêcheurs, les Poulias & autres Caſtes baſſes, depuis le Mont Delli juſqu’à deux journées Nord de Mangalor ; 3°. le Maraſte formé du Canarin, du Marate, du Maure &c. qui eſt en uſage depuis Bombay juſqu’à Surate.
En général on pourroit rapporter toutes les Langues de la preſqu’Iſle de l’Inde, relativement à ce qu’elles ont de commun ou de différent dans le genie, la conſtruction, les racines des mots, le fond de la forme des Lettres &c la marche des Alphabets, à deux principales ; le Malabar ou Tamoul, & l’Indou ou Guzarate : la premiere Langue, pour les Pays qui s’étendent d’un côté depuis le Cap Camorin
