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PRÉLIMINAIRE.


    parce que l’honneur de la Nation y fera également intéreſſé. Ainſi, ſans entrer dans l’examen particulier des marchandiſes que ces Contrées fourniſſent à la France, de leur utilité réelle ou idéale, je veux dire, de mode, je crois pouvoir avancer que dans l’état où ſont actuellement les choſes, il n’y a que deux motifs qui puiſſent engager à conſerver les Colonies de l’Inde ; le premier, de diminuer & de rendre diſpendieux le Commerce de nos voiſins ; le fecond, de ne pas recevoir des Étrangers, même a moindre prix, ce que nous pouvons aller chercher nous-mêmes, & de montrer à l’Europe & à l’Aſie que les François ſont auſſi actifs & auſſi propres à des entrepriſes périlleuſes, quoiqu’elles ne leur ſoient pas abſolument néceſſaires, que les Nations dont le Commerce eſt l’élément. Voilà le point de vüe ſous lequel j’enviſage l’état actuel des Colonies Françoifes dans l’Inde. Car de penfer qu’avec un efprit dequite & de moderation on pourra fe foutenir dans ce pays $c y faire Ie Commerce avec honneur & avantage, fans courir les rifques qu’il a jufqu’ici entraincs, c’eft connohre bien peu I’Hiftoire de l’etablrffement des Europeens dans cette partie de l’Afie, & les difpofitions des Nations qui y commercent. Les Efpagnols n’ont-ilspas employe tous les moyens pour empecner les Hollandois de s’etabhr dans l’lnde > Ceux-ci, d’abord fur la defensive, n’ont-ils pas enfuite reuffi a leur enlever le Commerce des Moluques, celui de la Chine, a envahir la pliipart des EtablifTemens Portugais ; & a leur tour n’ont-ils pas fouffert dans la formation de leurs Comproirs aux Indes, autant de traverfes de la part des Anglois, que de celle des Naturels du Pays ; On peut confulter a ce fujet le Recueil des Voyages qui ont fervi à l’établiſſement & aux progrês de la Compagnie des Indes Orientales, formee dans les Provinces-Unies des Pays-Bas. C’eft l’Ouvrage, a quelques fautes pres, le plus inftructif qu’on puiſſe lire fur cette matiere. Il prefente un tableau fidele de la Politique des Indiens, & des moyens que l’avidite fuggere pour fupplanter un rival dans le Commerce.

    Cette lecture montrera clairement la fauffcte de ce qu’on a avanci contre M. Dupleix. C’eſt lui, dit-on, qui le premier s’eft declare Conquerant dars l’lnde, & qui y a allumé une guerre ruineufe à la Compagnie. Je réponds que ce grand homme n’a fait que prévenir les Anglois, qui l’auroient devancé fi leurs affaires le leur euſſent permis.

    En 1749, avant les guerres auxiliaires, les Anglois ne balancerent pas a donner du fecours a Saujohi, Roi du Tanjaour, qui leur abandonna en conſéquence Divikoté.

    En 1754, avant la declaration de la guerre entre les deux Nations, Madras encouragea Jafer Ali khan Gouverneur des Provinces de Rajimendri & de Schikakol à ne pas remettre ces Serkars a M. de Buſſy.

    En 1755, la Compagnie Angloiſe fit partir pour Bombaye des troupes qui devoient fe joindre à Nana (Balajitao) contre Salabetzingue, afin d’engager ce Prince à renvoyer M. de Buſſy.

    Dans la même année, les Anglois, pendant la treve, s’emparerent du Maduré, de Tinavelli &c. ; en 1756, ils firent marcher un détachement contre Velour, pour ſoutenir les prétentions du Nabsb Mahmet Ali khan ; & l’on ſçait que dans la même année, ſans la prife de Kalkuta, dans le Bengale, ils alloient envoyer a Salaberzingue un ſecours confiderable, pour l’aider à chaſſer entiérement les François du Dekan. Ces procédés ne marquent pas un grand amour pour la paix : mais ils paroîtront moins extraordinaires, lorſque l’on fera réflexion qu une Nation puiſſante ne peut ſe contenter dans l’Inde que d’un Commerce excluſif, à moins qu’elle ne foit dédommagee d’ailleurs. Les Hollandois eux-mêmes ne ſe ſoutiennent que par leur Canelle, leur Muſcade, leur clou de Girofle : s’ils partageoient ces trois articles avec les autres Nations Européennes, ils ſeroient bientôt obligés d’abandonner l’Inde. Et encore, quoi-