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PRÉLIMINAIRE.


Je partis le 27 de Pipli avec le Domeſtique du Cotoüal ; prenant toujours dans l’Oueft. À trois coſſes de cette Ville, je paſſai par Tcheli, petit Village ſans bazar, & retrouvai enſuite le Naddi de Pipli, nommé dans cet endroit Soberleka. Il fallut le franchir à la nage ; & laiſſant le Parapla, Naddi peu conſiderable qui ſe jette dans le Gange, j’arrivai à Sokoüapatna, qui eſt à deux coſſes de Tcheli. Je m’arrêtai dans cette Aldée ; & le Maître d’École m’y fit paſſer quelques momens gracieux, en me montrant les caracteres uſités à Balaſſor, & me parlant de la Langue de cette Contrée, qui n’eſt au fond qu’un dialecte du Bengali.

On rencontre entre Tcheli & Balaſſor trois Naddis peu conſidérables, & un Loüar (ou Djil) proche d’une petite Aldée. À huit coſſes de Tcheli eſt la riviere de Balaſſor, qui n’eſt point guéable : on la paſſe dans des embarcations compoſées de deux troncs d’arbres creuſés, & attachés l’un, à l’autre par des planches de Bambou miſes en travers. Ces embarcations peuvent porter cinquante à ſoixante perſonnes. Je paſſai la riviere de Balaſſor le 28 dans une de ces embarcations, tenant la bride de mon cheval, qui ſuivoit en nageant. Il y avoit à craindre que quelque Caimant ne lui emporta les jambes, comme cela arrive quelquefois dans cette riviere : heureuſement je n’en fus que pour la peur. Les diſcours de mes compagnons de paſſage avoient pour moi quelque choſe de plus effrayant. Je m’attendois prefque à être livré aux Anglois, & même à être obligé de réclamer leur humanité contre les mauvais traitemens des Noirs.

À peine eus-je mis pied à terre que les Pions du Tchoki ſe ſaiſirent de mon petit bagage. Je demandai fierement à parler à Rajah Ram Alkara. Ce ton en impoſa, & l’on me conduiſit au Palais du Rajah. L’armée de ce Prince, compoſée de deux mille Cavaliers & de cinq mille hommes de pied, campoit près de là dans une plaine ; & le bruit couroit qu’il alloit partir pour Katek.

Je fus obligé d’attendre quelques tems, parce que Rajah Ram Alkara étoit au bain. Lorſque l’on m’eut introduit, je vis paroître ſur un petit Divan de terre, bordé d’un