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DISCOURS.


Jeune Gentilhomme étoit connu de Khoda Leti, Mogol de confideration, qui prenoit même le titre de Nabab. Ce Seigneur demeuroit du côté de Montigil, dans un quartier eloigne. Le vafte terrein qu’il occupoit, coupe par des cours, dont de fimples nattes faifoient la feparation, etoit une efpece de Camp qui pouvoit contenir quatrc a cinq mille hommes. Il craignoit peu le Nabab de Bengale, vivoit avec lui politiquement : ondiloit meme qu’il etoit charge par la Cour de Dehli, de quelque cornmillion particuliere. Khoda Leti avoit tort engage M. de Changeac a le venir voir. Celui-ci qui fe doutoit du motif de ces invitations, s’excufa long temps. Un jour qu’il avoit promis expreilement, il mc dit que Khoda Leti avoit quelque chofe a lui communiquer,qu’une affaire importance l’obligeoit de fortir pour le moment, & que je lui fcrois plaifir d’aller a fa place chez ce Mogol ; que d’ailleurs f^aehant le Perfan, nous nous expliquerions mieux. Je crus devoir lui rendre ce petit fervice ; 8c la curiofite y eut quelque part. Arrive chez Khoda Leti, on m’annonce, St ce Seigneur paroit avec Pair le plus affable. Apres les premiers complimens, il me demande s’il y a longtemps que j’ai de la barbe ; le Betel & l’Eau-Rofe paroifc fent enfuite. II me fait les ofFres les plus flatteufes : or, habits precieux, Femrnes a monchoix, tout eft comme etale a ma vue. Jufque-la. je croyois qu’il avoit fimplement deffein de m’attacher a fa perionnc. Ses yeux m’inftruifirent bientot de fes veritables intentions. II veut, en avancant la main, me les expliquer, Je faifis auffi-t6t mon piftolet d’arcon, me leve precipitamment, vole dans mon Palanquin, laifTece Mogol interdit dans fon Divan ;&mes Beras percent la foule des fes Gens que ma contenance avoit etennes. Ce fut au retour que je vis le danger auquel je venois d’echappcr. J’etois feul au milieu d’une multitude deMaurcs, qui 3 au premier figne de Khoda Leti, pouvoient difpolcr de moi, & meme me mettre en pieces, fans craindre que perfonne vint me tirer de leurs mains.

Mes arrangemens faits, je quittai Moxoudabad le 15 Mai 1757. Tout mon équipage conſiſtoit en deux gillets de