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souvenirs s’attachent au sol où l’on a vu le jour. — C’est cette contrée, c’est mon père que je veux revoir ; c’est aussi, vous le dirai-je ? la femme aimée que j’y dois retrouver.

Pialla garda le silence, mais un mouvement convulsif agita ses membres ; elle posa ses bras sur son cœur brisé, et levant enfin vers Hlodowig ému ses deux grands yeux noirs :

— Je l’avais prévu dit-elle en essayant de raffermir sa voix tremblante, cela devait être ; vous étiez étranger : un jour devait venir où l’amour vous rappellerait vers votre patrie ; moi qui ai vu le jour sous un autre ciel, qui ne tiens à ce pays que par un faible lien qui sans doute va se briser bientôt, je comprends la puissance des regrets qui vont vous éloigner pour toujours de ceux que vous avez à peine connus.

Elle s’interrompit un instant, et reprit avec plus de force.

— Allez donc, Hlodowig, quittez à jamais cette terre sauvage dont le soleil détourne ses regards ; allez vers les contrées où vous comptez de nombreux vassaux, et si les prières d’une femme peuvent appeler sur votre front les bénédictions du ciel, de grandes joies vous seront réservées, et vous vivrez de longs jours au pays de vos pères !

Puis elle ajouta, mais avec moins de fermeté cette fois, et en lui tendant la main :

— Adieu encore une fois, adieu ; au milieu des nouvelles destinées qui vous sont offertes, souvenez-vous de votre séjour parmi nous, et pensez quelquefois à ceux qui ne doivent plus vous oublier !

En ce moment de joyeuses fanfares retentirent dans la cour de la ferme, et Hlodowig s’arracha du lieu de cette scène douloureuse pour aller rejoindre le comte Érech. Cependant, en quittant Pialla, il