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impressions d’un amour pur, écoutait les récits du jeune et du vieux guerrier, et semblait oublier, elle aussi, que sa main était promise à Alain, et que jamais, sans doute, sur cette terre, le sentiment qu’elle éprouvait ne trouverait sa satisfaction.

Hlodowig sentit enfin sa fausse position vis-à-vis de ses hôtes.

Peu à peu déjà, l’image d’Œlla s’était éloignée, et il l’avait vue se dresser tout à coup devant lui, au moment où il y pensait le moins. Œlla avait perdu sur son esprit la puissance d’un souvenir, elle n’avait plus que celle d’un remords… Hlodowig ne se demanda pas en vain la cause de ce changement, il devina bien vite que Pialla n’y était pas étrangère, et résolut presque aussitôt de s’affranchir pour toujours de ce nouveau sentiment qui menaçait de s’emparer de lui. Son projet fut sur-le-champ arrêté, et quelques jours après la scène que nous avons racontée, il se présenta à elle. Celle-ci ne s’attendait pas à le voir, elle rougit et baissa les yeux :

— Pialla, dit Hlodowig en s’avançant d’un pas assuré, je viens vous dire adieu !

— Vous partez, dit-elle.

— Je pars, repondit Hlodowig, j’ignore vers quelle terre hospitalière je porterai mes pas ; mais je ne veux point rougir plus longtemps de mon indigne repos : et avant de mourir, j’espère que mon nom méritera encore une fois d’être chanté par les bardes de ma patrie.

— Vous partez répéta Pialla atterée.

— Par delà vos montagnes, reprit Hlodowig, bien loin d’ici, est un pays fertile, baigné par un large fleuve et habité par des guerriers redoutés — c’est là que je suis né. — Mon père y possède d’immenses domaines sur lesquels je dois régner un jour. Mille