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clercs, il se croyait dispensé de tout autre soin. Pialla le connaissait trop bien pour en espérer quelques paroles consolantes. Il lui restait donc le vieux comte, mais il était sévère, et elle n’osait lui dire ce qui se passait en elle.

Dans cette occurrence, un seul parti se présenta, et elle le prit avec empressement ; elle souffrait trop d’ailleurs pour hésiter plus longtemps.

Le soleil avait disparu de l’horizon, l’ombre allait s’allongeant sous les arbres qui entouraient la ferme de Kerlô. Déjà l’homme chargé des lumières éclairait la salle des festins ; un parfum de mets savamment apprêtés, de vin cuit et de viandes grillées et rôties, s’élançait au dehors par bouffées, et quelques rires isolés, avant-coureurs des cris tumultueux de l’orgie, se faisaient entendre.

Pialla se couvrit alors le visage d’un voile sombre, et sortit furtivement de sa chambre ; elle traversa ainsi, émue et tremblante, la grande cour de la ferme et se dirigea vers la porte qui menait au bois ; en passant devant la partie du bâtiment occupée par les oiseaux de proie, elle crut entendre Guenhael converger amicalement avec son oiseau favori. Elle s’arrêta un instant et s’appuya, le sein palpitant, à quelques pas.

— Dall Avel ! Dall Avel ! disait Guenhael, vous vous êtes mal conduit aujourd’hui ; prenez y garde, mon ami, je vous empêcherai de dormir.

Pialla retint son haleine, et, profitant d’un moment où notre fauconnier donnait toute son attention à Dall Avel, elle passa rapidement auprès de lui et disparut dans l’ombre. Cinq minutes après, la petite porte donnant sur le bois se refermait derrière elle.

Cependant, malgré la nuit et la bise froide qui commençait à siffler dans les arbres, elle avança