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— Vous oubliez à qui vous parlez.

— Je vous demande pardon, répondit-il avec confusion. En effet il avait oublié qu’il parlait à lady Morville, et non pas à sa cousine Amy, avec qui il avait pu discuter le caractère de Walter. Il avait été bien souvent aussi loin que cela avec sa tante ; mais elle s’était contentée de détourner la conversation.

Amable n’avait pas fini, et d’une voix ferme elle parla ainsi :

— Je veux vous dire aujourd’hui une chose que je n’ai jamais osé vous dire, et sur laquelle je ne reviendrai plus. Vous n’avez jamais compris Walter ; vous n’avez jamais voulu le comprendre. Vous avez tout fait pour éprouver sa patience, et vous n’avez jamais apprécié ses efforts pour ne pas la perdre. Je ne parle pas ainsi parce que je suis sa femme, mais je veux que vous sachiez qu’il n’agit jamais dans le but de vous contrarier. Vous ignorez combien il a désiré votre amitié, combien il a essayé de la gagner. Vous ignorez comme il vous défendait à la maison, après tout ce que vous aviez fait et écrit, et quand toute la famille était contre vous. Il cherchait toujours à nous persuader que vous agissiez dans un bon but.

Philippe avait pris un air sombre, surtout à ces mots : « quand toute la famille était contre vous. »

— Ce n’est pas ma faute si nous ne sommes pas amis, dit-il. Cela tient à son défaut de franchise. Mon opinion n’a jamais changé.

— Non, je le sais, dit Amy, avec tristesse ; quand