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d’ailleurs je n’aime pas à vous voir vous exposer ainsi.

La discussion dura longtemps. Philippe n’approuvait pas du tout ce séjour à Venise, surtout après celui de Munich ; ces deux endroits étaient dangereux pour Walter. Il fit donc tout son possible pour les détourner de leur projet, persuadé que les craintes d’Arnaud étaient exagérées. Qui sait même si, dans toute la force de la santé, il ne regardait pas la maladie, et à plus forte raison la crainte de la maladie, comme une faiblesse ? Plus il voyait l’impossibilité de faire céder Walter, plus il prenait d’aigreur. Il en vint à croire que tout ceci était imaginé par son cousin pour lui résister ; tous ses anciens préjugés reparurent, et il n’avait jamais été plus irritant. Mais Walter, quoique ferme, ne cessa pas d’être parfaitement calme, pendant que les joues d’Amable brûlaient d’indignation. L’heure se passa ainsi ; Amable fut bien aise quand l’entrée d’Arnaud vint terminer le débat. Il venait prendre ses ordres, et, Walter étant sorti avec lui, Amy commença à rassembler ses effets. Philippe, après un moment de réflexion, prit la parole d’un ton compatissant, comme il le faisait souvent avec sa petite cousine Amy.

— Vous avez bien fait de céder ainsi, lui dit-il. C’est la bonne manière avec lui ; et vous trouverez toujours qu’il vaut mieux vous soumettre.

Il allait continuer, et la prévenir des dangers de Venise, mais elle l’arrêta d’un regard. La jeune femme prit un air de dignité, et dit gravement, quoique avec douceur :