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cherchaient l’occasion de rire, parce qu’ils la trouvaient dans toutes leurs petites mésaventures de voyage.

Arnaud, étant un vieux domestique, ne pouvait s’accoutumer aux chemins de fer et à tous les changements survenus depuis sa jeunesse. Walter et Amable, tous deux jeunes et bien portants, se souciaient peu de mal dîner, et ne voulaient pas ennuyer le fidèle Arnaud de leurs plaintes. Ils prenaient les choses comme elles se trouvaient, mangeaient du pain sec si la cuisine était mauvaise, marchaient si les routes étaient gâtées, partaient plus tôt si une auberge ne valait rien ; puis ils faisaient de tout cela des récits amusants à Charles. Ils ne se faisaient pas même un souci d’avoir manqué quelque point de vue célèbre.

Philippe trouvait tout cela absurde, et pensait que Walter ne savait pas soigner sa femme. En un mot, il se persuada de plus en plus qu’il s’était marié beaucoup trop jeune.

Ainsi se passa la première soirée.

Le lendemain matin, le capitaine, restauré par une bonne nuit, se trouva beaucoup mieux disposé que la veille. Il ne se sentit point fâché de ce que ses cousins rirent un peu à ses dépens, lorsque, en parlant à Anne de sa maîtresse, il l’appela mademoiselle Amable.

— C’est égal, dit Amy, après que la femme de chambre fut sortie, et qu’elle vit l’air confus de Philippe ; elle y est accoutumée ; Walter s’y trompe comme vous.