Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 70 —

qui lui semblaient d’abord très dangereuses, en sorte qu’elle avait fini elle-même par se risquer un peu.

Par une belle soirée, ils allèrent se promener sur les flancs du Beatenberg, le long du petit sentier tracé par les chèvres et leur chevrier. Amable s’assit pour faire un croquis de la Jungfrau, regrettant de ne pas dessiner aussi bien que Laura. Son esquisse était destinée à ceux qu’elle aurait voulu avoir auprès d’elle. Pendant qu’elle dessinait, Walter grimpa un peu plus haut ; elle le perdit bientôt de vue quoiqu’elle l’entendît toujours siffler. Le modèle à copier était difficile, ou plutôt, il n’était guère possible de rendre avec un crayon cette ligne blanche se dessinant sur un fond bleu. Amy, mécontente de son dessin, posa son album, et se mit à cueillir quelques fleurs de montagne. Une pente douce était auprès d’elle, sur laquelle croissait à quelque distance une magnifique touffe de saxifrage des Alpes. Elle voulut la cueillir, mais le gazon étant glissant, et, une fois en train de descendre, elle ne put s’arrêter. Quelle fut son horreur en se sentant ainsi, moitié glissant, moitié courant, approcher d’un précipice ! Elle cria, et saisit avec les deux mains des buissons qui croissaient sous un roc à côté de ce gazon dangereux. Elle avait saisi une branche et se soutenait par ce moyen sur la pente devenue si rapide, que, sans cet appui, elle aurait glissé jusqu’au précipice. Tout son poids semblait reposer sur ce frêle rameau et sur les deux petites mains qui le serraient… ses pieds cherchaient vainement un appui.