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mère. Ses yeux étaient obscurcis et ses mains tremblaient, mais il ne voulut pas qu’elle l’aidât. Elle le remercia en l’embrassant, sans pouvoir dire autre chose que :

— Charles ! Charles ! Comment ai-je pu promettre de vous quitter ?

— Qui pouvait croire que mes sœurs devraient passer leur vie enchaînées à mon sofa ?

Il fallut sourire, mais ce ne fut que pour un instant ; la gaieté de Charles était mélancolique.

— Promettez-moi de ne pas vous ennuyer, Charles, de souffrir que Charlotte me remplace !

— Sans doute je saurai m’accoutumer à elle au bout de quelque temps. Amy, je pensais peu à ce que je faisais en le rappelant ! C’était scier la branche qui me soutenait. Mais assez de flatterie, il y aurait de quoi faire tourner votre petite tête. Là, levez-vous, que je vous voie. Très bien ! vous me faites honneur. Je tâcherai bien de me passer de vous. J’ai désiré toute ma vie d’avoir un frère, et vous m’en donnez un… celui que j’aurais choisi entre mille, le seul à qui je puisse pardonner de vous prendre. Mais le voici ! Entrez !

Walter dit à peine quelques mots ; Amy n’osa pas le regarder en face. Il était tard, et il venait prendre Charles. Amy demeura tranquille un moment ; ensuite il fallut mettre la dernière main à sa toilette. Comme c’était fini, Charlotte s’écria :

— Voici Walter ! Peut-il entrer ?

Madame Edmonstone ne dit pas non et Charlotte