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Alors, pour cacher sa mélancolie et ne pas faire pleurer Amy, son seul remède était de faire mille projets de visite à Redclyffe, et de s’étendre sur la facilité des communications par les chemins de fer.

Le dernier jour arriva, il sembla long et étrange. Il n’était gai pour personne, et il était triste pour plusieurs. Cependant Amy, avec sa douce et pensive expression, avait une sérénité qui se communiquait à ses alentours. Charlotte, quoique fort animée, se calmait en sa présence : Laura ne pouvait la plaindre ni trembler pour son avenir : Charles la suivait des yeux sans rien dire ; son père ne la rencontrait jamais sans la baiser sur les deux joues et l’appeler son petit bijou ; sa mère… Mais qui pourrait décrire madame Edmonstone dans ce jour ? Elle était remplie de tristesse pour elle-même, et de reconnaissance pour le bonheur de son enfant. Walter se tenait à l’écart pour leur laisser Amy. Il demeura longtemps dans sa chambre, puis il se rendit à cheval à Broadstone, et, en revenant, il fit une longue visite à M. Ross. En rentrant, il trouva Charles sur la pelouse, dans son fauteuil à roulettes, et Amy assise sur le gazon auprès de lui. Il s’assit aussi auprès d’elle, et tous trois gardèrent un long silence.

— Quand nous retrouverons-nous tous trois ensemble ? dit enfin Charles.

— Et dans quel lieu ? ajouta Amy.

— Ici, vous viendrez me conter vos aventures et chercher Trim.