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Philippe craint quelque chose de pire qu’une fièvre cérébrale. Je crois qu’il se trompe ; mais sa raison pour ne voir personne et ne pas écrire à Laura, c’est qu’il a peur de ne pouvoir mesurer ses paroles.

— C’est affreux, dit Amable en pâlissant. Oh ! que je suis contente que nous soyons venus !

— Il s’est soigné lui-même à sa manière, continua Charles, et il est parvenu à éloigner la fièvre par des moyens violents qui l’ont beaucoup affaibli. Il doit avoir terriblement souffert !

Comme Charles finissait de parler, Philippe entra ; il avait l’air extrêmement faible, mais il était plus calme depuis qu’il sentait Amable auprès de lui, comme à Recoara.

Elle ne le laissa pas retourner dans sa sombre bibliothèque, et le fit coucher sur le canapé du petit salon, où elle demeura aussi, pensant qu’un peu de conversation avec elle et son frère lui ferait du bien. Elle écrivit à Laura, à qui Philippe envoya un message, n’étant pas en état d’écrire lui-même ; et Charles écrivit de son côté à sa mère et au docteur Mayerne. Puis ils parlèrent d’affaires de famille.

Amable demanda à Philippe s’il savait que monsieur Thorndale était à Kilcoran.

— Oui, dit-il. Il y a, je crois, par là une lettre de lui ; mais je n’ai pu la lire.

Madame Ashford fit demander si lady Morville pouvait la recevoir. Amable se sentait émue et voulait la recevoir dans la bibliothèque. Mais Philippe, qui craignait l’absence d’Amy plus que la vue d’une