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chose vous a fait de la peine ; et, à force de douces paroles, elle finit par obtenir la confiance de Laura. Elle avoua que Philippe lui avait reproché de se faire une idole de lui. Il ne lui avait pas fait ce reproche durement, mais il avait prononcé ce mot d’une manière qui n’était agréable ni pour elle, ni pour lui.

— Je comprends sa pensée, dit Amable. Il a peur de lui-même et craint d’être trop admiré.

— Mais comment puis-je ne pas l’admirer ? dit Laura les larmes aux yeux. Il ne peut m’empêcher de le mettre au premier rang, de ne rien aimer autant que lui.

— Non, non, pas au premier rang, ma sœur ; car alors que feriez-vous si vous deveniez comme moi ? Ne vous détournez pas de moi ; mais je n’aurais jamais supporté ma douleur, si mon cher Walter lui-même ne m’avait pas répété dès le commencement que nous ne devions pas être la première affection l’un de l’autre.

— Je voulais dire la première affection terrestre, reprit Laura ; mais elle ne sentait pas ainsi dans son cœur. Elle savait que c’était son devoir, et croyait l’accomplir.

— S’il n’est pas le premier objet de votre affection, vous verrez ses défauts, et vous pourrez l’aider…

— Quoi, s’écria Laura, avez-vous jamais cru que Walter ait eu quelque tort ?

— Oui, Laura, répondit-elle en rougissant ; je n’aurais pu sans cela comprendre son repentir. Ainsi, ma chère sœur, permettez-moi de vous le dire, il vaudra