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Il aimait surtout à causer avec M. Ross, dont la conversation lui faisait toujours du bien.

Cependant il ne pouvait pas encore supporter la pensée d’aller à Redclyffe. Il s’était toujours occupé avec une peine évidente des affaires qui avaient rapport à cette terre. Amable craignait qu’il ne la négligeât, et madame Edmonstone se demandait s’il comptait passer tout l’été à Hollywell. Enfin il reçut un jour une lettre de lord Thorndale, qui lui disait que son frère, le député de Moorworth, avait envie depuis longtemps de se faire remplacer ; il avait dernièrement différé de le faire, espérant que Philippe Morville pourrait lui succéder. Moorworth était dans les mains des familles Thorndale et Morville, et lord Thorndale, en conseillant à Philippe de se présenter tout de suite, l’invitait à venir demeurer chez lui, au lieu d’aller à Redclyffe.

Dès sa jeunesse Philippe avait ambitionné un siége au parlement, et ce fut une des raisons qui le faisaient hésiter ; car on eût dit que tous ses vœux allaient être exaucés, comme pour le punir. Il sentait bien qu’une fois chargé de cette malheureuse fortune, il devait en faire le meilleur usage qu’il pourrait et ne pas chercher le luxe et le repos, mais se mettre en avant là où les honnêtes gens sont nécessaires. Mais il craignait son ancien amour des distinctions. Il craignait aussi la vie de Londres pour Laura, et pensait qu’il l’exposerait à beaucoup d’inquiétude, car, une fois élu, il ne voudrait pas, malgré sa mauvaise santé, être un membre inactif.