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— Oui, ce devait être affreux pour vous.

— Ne m’en parlez pas ! s’écria Philippe. Je me rappelle seulement le tumulte horrible de mon âme ! Parlez-moi de vous-même, dites-moi que vous ne m’en voulez plus !

— Oh non ! répondit Laura, d’ailleurs tout cela est fini !

— Fini !… Je crains, Laura, qu’en unissant votre sort au mien vos chagrins ne soient pas finis. Vous épouserez un homme affligé, plein de remords, brisé dans son cœur et dans son corps, tourmenté par les plus amers souvenirs, et contraint d’accepter un héritage qui semble lui venir comme la prospérité vient au méchant. Laura, vous voulez accepter tout cela ?… Alors votre amour sera ma seule consolation pendant le reste de ma vie.

Laura ne pouvait entendre de semblables paroles sans frissonner à la fois de joie et de douleur ; elle ne pouvait croire si coupable l’homme qu’elle admirait, et, si elle cessa de le contredire quand il s’accusait, ce fut pour ne pas l’affliger ; elle se contentait de le calmer en parlant affectueusement de Walter et d’Amy.

On avait invité pour le jour du baptême M. Ross et sa fille ainsi que le docteur Mayerne. On ne pouvait se passer de lui, après tous les services qu’il avait rendus pendant l’hiver à la famille. M. Edmonstone eut le plaisir de lui dire qu’il y aurait bientôt un autre mariage dans la maison : c’était une ancienne inclination, une constance digne des romans ; il avait dès