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dans son cœur, sans doute il aurait été affligé de tout ce que son fils avait souffert, mais il se serait réjoui des sentiments humbles et pénitents dont il était rempli. Il parla un peu plus gaiement à la vieille Susanne en lui rendant la clef de l’église ; cependant elle avait été frappée de son air triste, et, le lendemain, elle dit à ceux qui lui annoncèrent que M. Philippe avait fait un grand héritage :

— Il ne m’en a pas dit un mot ; mais je suis sûr qu’il donnerait tout l’argent de la terre, pour rappeler à la vie ce pauvre jeune monsieur.

Après avoir barbouillé plusieurs feuilles de papier, Philippe parvint à écrire la lettre suivante à M. Edmonstone :

Saint-Mildred, le 12 mars.

« Mon cher monsieur Edmonstone, je sens bien qu’il est mal à propos de vous entretenir, dans ce moment, des choses au sujet desquelles je vous écrivis d’Italie. Mais j’étais trop malade alors pour vous exprimer tout mon repentir. Dès lors ce repentir a augmenté chaque jour, et, plus je sens vivement ma faute, plus je désire votre pardon. Ce pardon est tout ce que j’ose vous demander, pour le moment ; mais je puis ajouter que mes sentiments à l’égard de votre fille n’ont pas changé, et ne cesseront qu’avec ma vie. Je sais bien que je me suis rendu indigne d’elle, et, de plus, que ma santé et mes forces sont loin d’être rétablies. Cependant, je ne puis vivre plus longtemps dans l’angoisse ; souffrez que je vous prie de mettre