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la foule en sortant, et ne le revit qu’à l’heure du dîner. Il s’était fortifié d’avance contre tout ce que le docteur et sa femme pourraient lui faire souffrir ; il espérait persuader à lady Morville qu’il serait juste de rendre à l’enfant l’héritage de son père. Il était résolu, en attendant, de ne pas prendre possession de Redclyffe, et il se sentait soulagé par l’idée de ne pas profiter de la mort de Walter. Mais il ne dit pas un mot de la chose à sa sœur, à qui il regrettait d’avoir déjà montré sa souffrance.

Le docteur Henley le reçut avec une poignée de mains et forces félicitations, et toute la soirée on ne parla que des beautés de Redclyffe. Madame Henley ne pouvait s’expliquer la tristesse de son frère, qui ne se trahissait pourtant plus que par un air froid et sévère, qu’elle connaissait bien. Mais enfin elle supposa que la conversation le faisait souffrir, et le laissa se livrer à ses pensées. Une chose encore le tourmentait ; c’était le ton du billet de son oncle, qui semblait faire entendre que tout lien entre Philippe et sa famille était rompu. Il supposait que Charles l’avait aidé à le composer ; Charles, qui l’avait toujours trop bien jugé, et dont l’affection pour Walter devait le rendre son ennemi… Mais Laura, que pensait-elle ?

Le lundi matin il reçut une seconde lettre. Il frémit, craignant qu’elle ne contînt de mauvaises nouvelles d’Amy ou de son enfant, surtout quand il reconnut l’écriture de Charles ; mais, cette fois, il ne voulut pas que sa sœur l’observât, et il emporta la lettre dans