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— Vous avez sans doute mal compris cette lettre ?

— Non, ma sœur.

— Vous avez vu qu’elle se porte bien et que c’est une fille ?

— Je…

— Et vous me permettrez de vous féliciter ?

Elle fut interrompue par une de ses connaissances, et, quand elle se retourna, elle ne le vit plus, et dut se contenter du plaisir de communiquer à tout le monde la grande nouvelle. Un ou deux de ses amis vinrent goûter avec elle ; ainsi elle put s’étendre tout à son aise sur la grandeur de Redclyffe. Son frère n’était pas au salon, mais il répondit quand elle frappa à sa porte :

— Le goûter est prêt ; voulez-vous descendre ?

— Y a-t-il du monde ?

— M. Brown et Walter Maitland. Voulez-vous que je vous envoie quelque chose ?

— Merci, je descendrai, répondit-il, quand il se vit à l’abri d’un tête-à-tête.

Elle descendit la première et dit à ses visites que, depuis sa maladie, son frère souffrait tellement de la moindre émotion, qu’il n’avait pas reçu avec un grand plaisir la nouvelle de son héritage ; et son air justifia complétement ces paroles, car il reçut sans l’ombre d’un sourire les compliments de ces messieurs, qui le jugèrent en conséquence le seigneur le plus fier de toute l’Angleterre.

Madame Henley lui conseilla inutilement de ne pas retourner à l’église l’après-midi ; elle le perdit dans