Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 236 —

— Justement. Hier mon père lui a envoyé une communication officielle, qui ne lui sera pas désagréable, puisque c’est une fille ! Mais voilà ma chère sœur qui veut que j’écrive au pauvre Philippe, pour lui dire qu’elle est très bien et très contente, car elle se figure qu’il sera fâché que ce ne soit pas un garçon !

— Je crois aussi que cela ne le réjouira pas.

— Pas exactement, mais il se consolera en pensant à tout le bien qu’il pourra faire.

— Vous deviendrez plus charitable en écrivant.

— Non ; mais je me soulagerai en écrivant à ce pauvre Markham. En voilà un qui sera affligé ! Il ne pourra jamais pardonner à madame Ashford, qui, à ce que je viens de voir sur le journal, a mis au monde un fils, dont personne n’avait besoin, tout exprès pour insulter à Markham. Pour moi, je me console en pensant que nous garderons avec nous Amy et sa fille.

— Comme vous allez gâter votre nièce ! Mais il faut que je vous laisse écrire. Bien des amitiés de ma part à Amy, si vous y pensez.

Le lendemain matin, qui était un dimanche, Philippe déjeunait, ou plutôt, était assis à la table du déjeuner, avec M. et madame Henley, quand on apporta les lettres. Madame Henley, tout en ayant l’air de lire les siennes, observait son frère, devant qui on en avait placé une, écrite de la main de M. Edmonstone. Philippe rougit, puis, un instant après, il devint d’une pâleur mortelle ; sa main tremblait en prenant la lettre ; mais il fit un effort et en brisa le cachet avec fermeté. Il s’arrêta encore un instant,