Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 235 —

allait mal ; c’était seulement parce qu’elle regrettait qu’il ne fût pas le premier à apprendre la nouvelle, et qu’elle pensait à la joie qu’il en aurait eue.

— Et Amy, que pense-t-elle ?

— Je ne sais pas ; c’est étonnant de voir comme elle peut se contenir. Elle a toujours cette image devant les yeux, mais elle n’en parle pas. Aujourd’hui seulement, dans un moment où elle croyait n’être pas observée, maman l’a vue caresser son enfant, en lui disant tout bas : « Enfant de Walter ! petit messager de Walter ! »

Charles cessa de résister, et laissa couler ses larmes ; mais il reprit bientôt son ton accoutumé, et dit en souriant :

— Quelle drôle de petite créature ! Croirait-on que ce soit là un échantillon de l’espèce humaine ?

— Sans doute c’est le premier nouveau-né que vous ayez vu ?

— Du moins le premier que j’aie regardé. Savez-vous, Mary, que je vous considère comme une femme très sensée, parce que vous ne m’avez pas demandé s’il était joli.

— J’ai pensé que vous n’étiez pas bon juge.

— Non, aussi ce n’était pas pour me le faire admirer qu’Amy m’a fait chercher ; quoique ce qu’elle m’a demandé ne soit guère plus facile. C’est un service que je ne rendrais pas à une autre.

— Je sais donc de quoi il s’agit. C’est d’écrire quelque chose d’amical au capitaine Morville. Voilà bien cette chère petite Amy !