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dicieuse. Elle continua de parler, sans se douter de tout ce qu’elle faisait souffrir à son frère.

— Pauvre jeune homme ! Nous nous sommes trompés, cette fois ; et il va sans dire qu’à présent, tout est pardonné et oublié. Mais il était d’une violence ! Je n’oublierai jamais la scène qu’il fit chez nous. Peut-être que de grands chagrins sont épargnés à la pauvre Amable.

— Une fois pour toutes, dit gravement Philippe, ne me parlez plus de lui sur ce ton. Nous étions, vous et moi, trop aveugles pour distinguer une grandeur d’âme et une pureté de cœur telles que nous ne les rencontrerons jamais. Vous n’aviez que des préjugés, mais ce que je sentais méritait une qualification plus sévère. Rappelez-vous que je ne veux entendre parler qu’avec respect de lui et de sa femme.

Il se tut, et Marguerite, après l’avoir regardé un moment avec surprise, poursuivit, pour se disculper :

— Sans doute, nous lui devons beaucoup de reconnaissance. Ce fut très bien à lui de venir vous soigner quand vous étiez malade, et sa mort doit vous avoir beaucoup affligé. C’était un beau jeune homme, aimable, aux manières agréables.

— Assez ! murmura Philippe.

— C’est ce que vous avez toujours dit de lui, continua-t-elle sans l’entendre ; vous n’avez pas de reproches à vous faire. Vous avez toujours joué le rôle d’un ami véritable ; vous rendiez justice à ses bonnes qualités, et vous ne désiriez que son bien.

— Chacune de vos paroles est une amère satire,