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sa question : « Quand nous retrouverons-nous tous les trois ensemble ? » mais il ne disait pas un mot. Laura essaya de lire ; Charlotte entendait sans cesse le bruit des roues. Mais tout était si tranquille que, quand la voiture approcha réellement, on l’entendit sur la route, longtemps avant qu’elle entrât dans l’avenue.

Laura et Charlotte coururent dans le vestibule ; Charles prit des béquilles, mais il tremblait tellement qu’il fut obligé de s’asseoir : dans ce moment il vit entrer les trois voyageurs en noir. Amy appuya sa figure contre la sienne ; mais elle ne parla pas, et ce fut madame Edmonstone qui lui dit :

— Mon Charles ! en le pressant dans ses bras et en versant un torrent de larmes.

Son père avait aussi un léger tremblement dans la voix, quand il lui demanda :

— Eh bien ! Charles, mon garçon, comment avez-vous été sans nous ?

Ils s’assirent, Charles ayant sa sœur auprès de lui, et tenant dans sa main une main moins tremblante que la sienne, quoique brûlante et fiévreuse. Il se pencha en avant pour la regarder ; elle tourna sa figure vers lui comme pour lui répondre. Elle était toujours la même, quoique plus pâle et plus maigre, et ses paupières étaient rougies par le défaut de sommeil ; mais Charles fut presque aussi effrayé que sa mère de sa mélancolique sérénité.

— Avez-vous été bien ? lui dit-elle d’une voix faible, mais qui lui sembla étrangement familière.

— Oui, très bien, merci.