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Elle prit la montre de Walter et un livre, qui était auprès du lit, puis elle rentra dans sa chambre à coucher. Elle remonta la montre, et se laissa déshabiller par sa mère, répondant avec douceur, mais avec indifférence, à toutes les questions sur sa santé. Elle parla peu de Walter ; ce qu’elle dit de lui, elle le dit sans agitation, et enfin elle se mit au lit. Cependant le sommeil ne semblait pas vouloir approcher de ses paupières, et, sous prétexte que la présence de sa mère l’empêchait de dormir, elle obtint d’elle d’aller prendre du repos.

Dès que le jour parut, madame Edmonstone revint auprès de sa fille, et fut vivement effrayée, en la trouvant en robe de mousseline blanche, en chapeau blanc, et avec son grand voile de mariée. Les cheveux blonds d’Amable étaient cachés, et sa figure toujours très pâle, avec une tache colorée sur chacune de ses joues. Elle vit la frayeur de sa mère, et la rassura en parlant avec calme.

— Je n’ai, vous le savez, que des vêtements de couleur, dit-elle, et, si vous me le permettez, j’aimerais à porter ceci.

— Mais, ma chère enfant, vous ne devez pas… vous ne pouvez pas venir !

— C’est près d’ici. Nous y avons été souvent ensemble. Je ne le ferais pas, si je croyais que cela pût me faire du mal ; mais je le désire tant !… Nous devions être chez nous à la Saint-Michel !

Madame Edmonstone céda, espérant la voir enfin pleurer. Mais Amable, qui d’ordinaire versait des