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frère avait besoin de repos de jour-là. Et, quoiqu’elle eût bien désiré qu’il vînt faire une lecture à elle ou à Philippe, elle refusa dans la crainte de le fatiguer. D’ailleurs Philippe était si peu maître de lui-même, dans ses moments de désespoir, qu’elle n’aurait pas voulu l’exposer à dire devant un étranger des choses que d’ordinaire il cachait avec soin. Après le départ de M. Morris, elle revint auprès de Philippe, mais non sans avoir fait encore une courte visite à la chambre où avait été dernièrement le centre de toutes ses pensées. Un regard… une prière… La belle expression de ces traits qui semblaient pleins de vie était pour elle une consolation ; elle descendit fortifiée et soutenue.

Pendant toute la journée elle prit soin de son cousin, dont le corps et l’âme avaient également besoin de secours. Elle parla, elle lut, elle tâcha de lui donner l’exemple de prendre quelque nourriture, s’occupa de lui, comme s’il avait été le plus à plaindre, et ne s’accorda que quelques instants, qu’elle passa en prières auprès de la dépouille de Walter. Enfin dans la soirée elle eut la consolation de voir s’endormir Philippe ; ce fut alors seulement que, se trouvant seule, éclairée par la triste lumière d’une chandelle, et au milieu d’un profond silence, le sentiment de son isolement vint la saisir.

À ce moment, une voiture s’étant arrêtée devant la porte, elle se rappela, pour la première fois, qu’elle attendait son père et sa mère. Elle se leva doucement, quitta la chambre de Philippe, ferma la porte, et,